APRÈS LA RÉPÉTITION / PERSONA – Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt

L’admiration d’Ivo van Hove pour Ingmar Bergman est grande, jusqu’à un certain mimétisme se dit-on lorsqu’on entend le metteur en scène que met en scène (!) Après la Répétition, tenir les mêmes propos sur Tartuffe que ceux d’Ivo Van Hove au moment de sa production pour la Comédie Française, sans le dernier acte. Que le metteur en scène flamand décide de se replonger dans Aprés la Répétition (1984) et Persona (1966), montés avec une distribution néerlandaise dix ans plus tôt, pour en faire selon ses propres mots un remake avec des comédiens français présageait de passionnantes interrogations sur le rapport entre le théâtre, le monde extérieur et le comédien, sujet, somme toute très auto-centré, de ces deux films du réalisateur suédois.

Poursuivre la lecture de « APRÈS LA RÉPÉTITION / PERSONA – Théâtre de la Ville Sarah Bernhardt »

TARTUFFE ou l’HYPOCRITE – Comédie-Française

Molière est né il y a 400 ans et le public continue de se retrouver dans ses pièces avec une complicité (sûrement cause de son intemporalité) sans cesse renouvelée. À envisager les productions présentées par la Comédie-Française pour célébrer cet anniversaire, l’envie de l’institution n’est pas de mettre l’auteur sous cloche ni de faire se succéder des soirées « testament » poussiéreuses et exsangues mais bien de restituer l’inépuisable élan de vitalité qui souffle dans son théâtre. Certains crieront au scandale en sortant de la nouvelle production du Tartuffe montée par Ivo van Hove, faute d’y retrouver le contenu « formaté » des notes de bas de page de leur classique Larousse ; crions davantage au génie face à l’acuité du regard porté par cette production sur ce loup rentré dans la bergerie et à l’intelligente manière de questionner la pièce plus que d’en apporter doctement une analyse prétentieuse et moralisatrice.

Poursuivre la lecture de « TARTUFFE ou l’HYPOCRITE – Comédie-Française »

LA MÉNAGERIE DE VERRE – Odéon Théâtre de l’Europe

Dans les premières minutes, la manière dont Ivo van Hove enveloppe La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams, déstabilise. Loin d’une nostalgie floconneuse confortable pour le spectateur, le décor heurte d’emblée le regard : moche à pleurer ! un appartement tapissé du sol au plafond d’une moquette couleur de merde, peignée par endroit pour dessiner des visages fantomatiques, traces tout aussi merdiques du père évanoui dans la nature.

Poursuivre la lecture de « LA MÉNAGERIE DE VERRE – Odéon Théâtre de l’Europe »

Don Giovanni … la version anti-mythe !

Don Giovanni / Mozart / Ivo van Hove / Philippe Jordan : voilà le carré d’as le plus attendu de la saison de l’Opéra National de Paris qui, pour nous faire languir, a choisi de programmer cette nouvelle production de « l’opéra des opéras » en toute fin de saison. L’ambition est grande et le tournant plus que surveillé par la critique pour succéder à la version puissante de Michaël Haneke plusieurs fois reprise depuis 2006. Après des mises en scène « choc » (Les Damnés, Electre/Oreste à la Comédie Française, Boris Godounov à l’Opéra de Paris et Macbeth à l’Opéra de Lyon dont on avait causé ici, ici, encore ici et aussi ) la confrontation d’Ivo van Hove à Don Juan promet de triturer les nombreux thèmes que propose ce personnage mythique. La présence d’un plateau vocal tout jeune laisse envisager la possibilité d’une grande adaptabilité à une réelle direction d’acteur. Quant à Mozart confié à Philippe Jordan, cela équivaut aux promesses gastronomiques d’une carte étoilée. Alors pourquoi, à l’issue du spectacle, beaucoup semblent avoir déchanté ? Pourquoi cette équation aboutit-elle à une solution satisfaisante mais pas euphorisante dans sa globalité ? c’est ce que nous allons vous expliquer maintenant ! ( de manière hélas bien trop superficielle tant il y a de choses à dire de cette production)Poursuivre la lecture de « Don Giovanni … la version anti-mythe ! »

Electre / Oreste … organique tragédie !

Il était attendu ce retour d’Ivo Van Hove à la Comédie Française après le choc qu’avait provoqué ses Damnés (création et reprise) rendus possibles par le changement de cap opéré par Eric Ruf, administrateur visionnaire du grand vaisseau de Molière. Délaissant les sphères du pouvoir qu’il fréquente souvent (tel ses Macbeth et Boris Godunov que l’on vous avait racontés >> ici et ), le metteur en scène choisit pour cette nouvelle collaboration avec la troupe, de poursuivre l’étude de la genèse de la radicalisation, débutée avec Martin, torche humaine et bombe à retardement accouchée des Damnés, dans les sombres méandres de la famille des Atrides. C’est Electre (413 av JC) et Oreste (408 av JC) d’Euripide qu’il choisit pour illustrer son propos et montrer à nos yeux désormais coutumiers de la folie du monde, comment l’exclusion et l’isolement engendrent la violence … Espérant que cette fresque antique résonnerait puissamment dans nos esprits contemporains, nous partions confiants en Ivo Van Hove. Verdict de cette attente …

Poursuivre la lecture de « Electre / Oreste … organique tragédie ! »