THE EXTERMINATING ANGEL – Opéra National de Paris

L’excitation de voir un compositeur diriger son œuvre (un compositeur vivant semble chose tellement rare) a intensément régné lors des premières représentations de The Exterminating Angel (2016) à l’Opéra National de Paris. Et quel choc a t’on pu ressentir quand Thomas Adès eut fini de dompter la partition de son troisième opus lyrique et resta bras écartés devant la fosse enveloppé d’un silence hyper-attentif, presque mystique, se muant rapidement en un déferlement d’applaudissements et de bravi semblant soudain libérer le public de la tension que venait de faire peser sur lui cette oeuvre monumentale. Assurément pas du genre de celles que l’on écoute chez soi (enfin je crois ?), mais bel et bien de celles qui, une fois sur scène, marquent un spectateur.   

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Don Giovanni … la version anti-mythe !

Don Giovanni / Mozart / Ivo van Hove / Philippe Jordan : voilà le carré d’as le plus attendu de la saison de l’Opéra National de Paris qui, pour nous faire languir, a choisi de programmer cette nouvelle production de « l’opéra des opéras » en toute fin de saison. L’ambition est grande et le tournant plus que surveillé par la critique pour succéder à la version puissante de Michaël Haneke plusieurs fois reprise depuis 2006. Après des mises en scène « choc » (Les Damnés, Electre/Oreste à la Comédie Française, Boris Godounov à l’Opéra de Paris et Macbeth à l’Opéra de Lyon dont on avait causé ici, ici, encore ici et aussi ) la confrontation d’Ivo van Hove à Don Juan promet de triturer les nombreux thèmes que propose ce personnage mythique. La présence d’un plateau vocal tout jeune laisse envisager la possibilité d’une grande adaptabilité à une réelle direction d’acteur. Quant à Mozart confié à Philippe Jordan, cela équivaut aux promesses gastronomiques d’une carte étoilée. Alors pourquoi, à l’issue du spectacle, beaucoup semblent avoir déchanté ? Pourquoi cette équation aboutit-elle à une solution satisfaisante mais pas euphorisante dans sa globalité ? c’est ce que nous allons vous expliquer maintenant ! ( de manière hélas bien trop superficielle tant il y a de choses à dire de cette production)Poursuivre la lecture de « Don Giovanni … la version anti-mythe ! »

Jephtha … le retour sur terre de Claus Guth

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Chat échaudé craint l’eau froide … et spectateur satellisé craint le retour de Claus Guth à la mise en scène après sa mise en orbite de Puccini ! aussi allions nous sur la pointe des pieds voir le pourtant très attendu Jephtha, un des ultimes oratorios de G F Handel ; très attendu car rare : imaginez que cela faisait 59 ans que l’oeuvre n’avait pas été donnée sur la scène de l‘Opéra de Paris, autant dire que c’est l’opéra qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie … il fallait donc y être même avec la crainte d’assister une nouvelle fois à un sabotage en bonne et due forme. Et bien non !! à croire que le sujet n’a que modestement inspiré le metteur en scène allemand qui est resté sage et assez peu loquace face à ce récit biblique. Et il faut bien l’avouer, des fois, le manque d’idée fait du bien et permet de voir et ressentir l’oeuvre d’un compositeur pour ce qu’elle est et pas pour ce qu’on voudrait qu’elle soit. Une regain de justice en quelque sorte…
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Così fan tutte …épure et lisibilité

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Confier le plus « plat » des opéras de Mozart à une chorégraphe était une idée saugrenue … le livret de cette dernière collaboration du compositeur avec le librettiste Da Ponte est en effet bien peu riche en péripéties après les tourbillonnants Nozze di Figaro et Don Giovanni et les errances sentimentales, bien que subtilement décrites par l’une des partitions opératiques les plus pures du divin Wolfgang, ne semblent pas de prime abord être très propices à une illustration chorégraphique. C’est pourtant à Anna Teresa de Keersmaeker que l’Opéra de Paris a laissé le soin de proposer une nouvelle production de Cosi fan Tutte pour remplacer celle de Patrice Chéreau … et le spectateur, en l’occurence moi, de se demander comment cette chorégraphe dont le peu que j’ai vu m’a fait souffrir le martyr, saurait réussir à apporter une cohérence à cette oeuvre là où Patrice Chéreau qui reste quand même un dieu en matière de mise en scène, avait partiellement échoué… Poursuivre la lecture de « Così fan tutte …épure et lisibilité »