LE CÔTÉ DE GUERMANTES – Comédie Française

En ce milieu de saison, la Comédie Française reprend l’excursion de Christophe Honoré en pays proustien dans une adaptation de Du Côté de Guermantes. Comme Angels in America, cette nouvelle production avait été sacrément chamboulée par le Covid (et cette « interférence » d’ailleurs illustrée par un film du même Christophe Honoré), ce qui m’avait empêché de voir le spectacle à sa création. Depuis, lavé de la part du fantasme de lecteur que constitue la Recherche du Temps Perdu et convaincu de lisibilité de cet Everest littéraire par l’excellent travail de débroussaillage de l’œuvre mené par la troupe à grand renfort de brillantes lectures diffusées durant les confinements, c’est serein et curieux de voir comment le metteur en scène allait concrétiser sur le plateau cette impalpable nostalgie planant sur la Recherche que je me rendais salle Richelieu, dans l’expectative de voir aussi comment la transposition à la scène allait répondre à la question fondamentale posée par cet amoncellement de chapitres : « l’essence de l’existence est elle définie par le souvenir ?« .

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ANGELS IN AMERICA – Comédie Française

Après plusieurs tentatives avortées pour cause de grève, de Covid et autre pluie de météorites, et grâce à un entêtement typique du bovidé zodiacal que je ne suis pourtant pas, j’ai enfin vu Angels in America (1991) dans la version créée en 2020 déjà par Arnaud Desplechin pour la Comédie Française ! Adapté de la pièce de Tony Kushner, auteur juif, homosexuel et marxiste, ce long spectacle nous renvoie à la fin des années 80 à New York : des années qui auraient pu être marquées par de grandes victoires mais au final « simplement » traversées par de vaillants combats, face au VIH gangrénant l’Amérique conservatrice et hypocritement puritaine de Reagan notamment. Qu’Angels fasse son entrée dans la respectable salle Richelieu est un acte politique important dont l’impact est cependant amoindri par l’élagage du texte (près de la moitié) et une mise en scène futée mais peut être trop conventionnelle en regard de la « monstruosité » formelle de la pièce.

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TARTUFFE ou l’HYPOCRITE – Comédie-Française

Molière est né il y a 400 ans et le public continue de se retrouver dans ses pièces avec une complicité (sûrement cause de son intemporalité) sans cesse renouvelée. À envisager les productions présentées par la Comédie-Française pour célébrer cet anniversaire, l’envie de l’institution n’est pas de mettre l’auteur sous cloche ni de faire se succéder des soirées « testament » poussiéreuses et exsangues mais bien de restituer l’inépuisable élan de vitalité qui souffle dans son théâtre. Certains crieront au scandale en sortant de la nouvelle production du Tartuffe montée par Ivo van Hove, faute d’y retrouver le contenu « formaté » des notes de bas de page de leur classique Larousse ; crions davantage au génie face à l’acuité du regard porté par cette production sur ce loup rentré dans la bergerie et à l’intelligente manière de questionner la pièce plus que d’en apporter doctement une analyse prétentieuse et moralisatrice.

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Les Démons … nébuleuse Russie

Je serais mal placé pour dire si oui ou non cette adaptation des Démons ou des Possédés (appelez les comme vous voulez) de Dostoïevski est bonne ou mauvaise. Je n’ai jamais réussi à lire un seul de ses livres ; le poids des volumes prenait toujours le pas sur l’intérêt de ma lecture. C’est donc pour moi un exploit littéraire que réalise Erwin Mortier de transcrire au théâtre ces deux pavés, emblématiques de la littérature russe, évocateurs d’un monde suranné et daté mais aux effluves révolutionnaires pourtant terriblement actuelles. A la charge de Guy Cassier, un habitué du genre, de monter cette adaptation pour la Comédie-Française qui lui offre, pour incarner cette fresque crépusculaire, une distribution des plus flamboyantes.

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Un café avec … Dominique Blanc

Cela va (déjà) faire trois ans que Dominique Blanc est pensionnaire de la Comédie Française ; trois années qu’elle n’a pas vu passer et qui lui font souligner que l’image de la Ruche, symbole de l’institution, n’est vraiment pas usurpée !! Plus qu’à celle du  « panier de crabes » qu’on lui avait horriblement décrite, l’ambiance dans cette maison ressemble davantage à celle des Dieux du Stade tant les comédiens, y compris les « vieilles dames » comme elle s’amuse à se désigner en levant les yeux au ciel, ont un rythme soutenu et une activité physique de sportif de haut niveau. Et les voilà jetés dans le bouillon à peine leur contrat signé dans le bureau de l’administrateur général. Ce capitaine au long cours, à la tête de l’imposant vaisseau et de ses 500 matelots dont 59 comédiens, c’est Eric Ruf. Et c’est grâce, ou à cause de lui, que la comédienne bardée de récompenses : 4 César et 3 Molière entre autre (et là je me demande si l’Académie Française avait prévu que les récompenses puissent se récolter par plusieurs et donc à la subtilité de l’accord ou du non-accord au pluriel .. ?) accepte l’invitation qui lui est faite en 2016. La comédienne en parle immédiatement quand on évoque son arrivée à la Comédie Française.Poursuivre la lecture de « Un café avec … Dominique Blanc »