La Puce à l’Oreille … rire et révélations

Mettant à mal l’idée que le théâtre public et le théâtre privé devraient s’affronter sur la base de leur répertoire intello pour l’un, plus grivois pour l’autre, la Comédie Française prend, en ce début de saison, le chemin du boulevard avec La Puce à l’Oreille de Georges Feydeau, comme une nouvelle couche d’encanaillement après les reprises récentes de l’Hotel du Libre Echange (lire >> ici). Partant du principe que, bien servie, une pièce de boulevard ne peut être que drôle, c’est sans hésitation aucune, que mes pas prirent le chemin de la Salle Richelieu pour aller voir cette nouvelle production mise en scène par Lilo Baur qui nous avait séduits par sa gestion de l’espace dans Après la pluie (lire >>ici) et bouleversé dans sa Maison de Bernarda Alba. Une excellente initiative !  Poursuivre la lecture de « La Puce à l’Oreille … rire et révélations »

Fanny et Alexandre … une saga éminemment théâtrale !

Avec un travail d’éducation particulièrement fin et raisonné, Eric Ruf accompagne le public de la Comédie Française sur un palpitant chemin s’écartant du sentier aménagé et balisé des grands classiques d’un répertoire approuvé par des siècles d’habitude. En choisissant un texte non issu de cette veine, en prenant le parti de ré-équilibrer la parité au niveau de la mise en scène, l’administrateur général secoue une nouvelle fois les a priori que l’on peut avoir sur cette maison et continue de « ventiler » la programmation. Fanny et Alexandre, série, film et « roman » d’Ingmar Bergman est le pari du moment salle Richelieu ! Ré-écrit par Florence Seyvos et adapté par Julie André, cet incontournable du cinéma suédois (tellement incontournable que je ne l’ai jamais vu!) emporte 19 comédiens de la troupe, rien que çà, dans une formidable et émouvante épopée permettant à Julie Deliquet de faire une magnifique déclaration d’Amour au théâtre.
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L’Eveil du Printemps … digne « fils » de Chéreau

Après s’être penché sur l’exploration du sentiment amoureux, des modes et des convenances classiques à travers un jeune Marivaux (cf le Petit Maître Corrigé), Clément Hervieu Léger se frotte cette saison  à une jeunesse moins bienséante avec  un texte jugé, à sa création, scandaleux et pornographique puisqu’il osait balancer à la figure d’une société bourgeoise allemande ultra-conservatrice les questions inhérentes aux chamboulements  de l’adolescence : la masturbation, la découverte de la sexualité hétéro et homosexuelle, la violence, le suicide, l’avortement. Si les thèmes sont abordés plus ou moins librement aujourd’hui, on comprendra aisément que L’Eveil du Printemps, écrit par Frank Wedekind en 1890, ait pu choquer son public en les abordant tous ensemble et dans une même soirée. Le texte, joué sans coupures dans la production de la Comédie Française est dense (parfois trop) mais le jeune metteur en scène servi par une troupe idéale en tire une version efficace et perspicace, montrant une nouvelle fois une sensibilité artistique bien réelle et une complicité avec « sa » troupe particulièrement productive.

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Après la pluie … huis clos fumant

APRES LA PLUIE - Belbel - Baur - Theatre du Vieux-Colombier - Comedie-Francaise

Ecrite en 1993 par Sergi Belbel, Après la pluie est proposée de manière assez surprenante par la Comédie Française que l’on n’attend pas forcement dans ce registre mais qui (j’allais dire « une fois encore ») affirme ses infinies ressources et son adaptabilité à de nouveaux terrains. Huis clos en plein air, ce qui est déjà un petit exploit, cette pièce pourrait paraitre déjà has been et cliché (ce qui était un futur post-moderne dans les années 90 est presque une réalité), pourrait aussi passer à côté d’une actuelle sensibilité française décalée par rapport à la mouvance espagnole de l’époque (on flirte avec les plus déjantés des Almodovar) mais l’habile mise en scène de Lilo Baur et un plateau de comédiens sans cesse capables de surprendre et d’éblouir par leur maitrise de l’art théâtral réussissent à faire prendre une sauce qui tient en haleine sur l’heure 45 de spectacle.Poursuivre la lecture de « Après la pluie … huis clos fumant »